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La gestion financière des Universités Marocaines

25 novembre 2008

le plan d'urgence 2009 2013

C’est mercredi 16 avril 2008, au Palais Royal de Rabat, que le Conseil Supérieur de l’Enseignement (CSE), présidé par Abdelaziz Meziane Belfkih, a présenté au Roi le premier rapport annuel « Etats et Perspectives du Système d’Education et de Formation ». Un écrit de presque 400 pages qui diagnostique les maux et propose des mesures de réajustement ; question de recadrer le tir et de rester fidèle à l’esprit de la Charte Nationale. Focus sur les grandes lignes d’un document tant attendu.

Grandes lignes

Signalant d’emblée qu’il s’appuie principalement sur les travaux de l’Instance Nationale d’Evaluation du Système d’Education et de Formation (INESEF). Le rapport annuel du CSE annonce dans son avant-propos général que son ambition première est de : « rendre compte de manière aussi impartiale que possible à la Nation de l’état du système d’éducation et de formation, de participer à la mobilisation autour de la question de l’école en informant chaque acteur du système des progrès réalisés et des lacunes constatées et, enfin, de nourrir un débat permanent et constructif fondé sur des faits avérés et des analyses où l’objectivité prime sur l’opinion ». Le rapport se veut donc une évaluation de type diagnostique qui dresse un état des lieux et lance les débats.

Des acquis quantitatifs

Partant du fait que notre école n’a pas démérité malgré des contraintes, au départ, insurmontables, le rapport du CSE énumère toute une suite de réalisations depuis la mise en application de la nouvelle réforme : l’accès massif à l’école avec un taux de 94% en termes de scolarisation en 2007 ; un million d’enfants supplémentaires depuis 2000 ; la résorption des inégalités dans l’accès à l’éducation ; une bonne expansion des ressources humaines, physiques et financières dédiées à la réforme; une offre de formation amplifiée et diversifiée avec le doublement des effectifs en 7 ans ; un budget étatique en augmentation depuis l’an 2000 ; des programmes révisés avec de nouveaux manuels ayant vu le jour ; une nouvelle réorganisation pédagogique avec le rattachement du collège et du secondaire et l’instauration du système LMD ; la mise en œuvre d’un nouveau système éducatif qui a évolué vers une gouvernance déconcentrée (cas, d’une part, des Académies Régionales d’Education et de Formation autonomes en termes de planification et gestion des ressources humaines, de financement et du suivi du fonctionnement des établissements scolaires et, d’autre part, des universités qui jouissent d’une indépendance pédagogique, scientifique, financière et administrative).

Des couacs « mesurés »

En premier lieu, l’abandon scolaire. « Trop d'élèves continuent d'abandonner le système sans qualification aucune, comme ce fut le cas pour près de 400 000 d'entre eux l'an passé dont plus de la moitié dans le seul cycle primaire », note le rapport.
Vient ensuite le redoublement qui nourrit les rangs de ceux qui désertent l’école. Ce phénomène « reste le lot annuel de près d'un élève sur cinq dans le primaire », rapporte le CSE dans son document.
En plus de l’abandon scolaire et du redoublement, l’analphabétisme enfonce le clou. Il « perdure à des niveaux élevés, privant par là même notre économie et notre société de talents qui ne demanderaient qu’à s’exprimer », constate le CSE.
Le quatrième couac soulevé par le rapport ? Celui de l’enseignement préscolaire. Il « est loin d'être généralisé et l'offre de qualité reste réservée à ceux qui ont des parents qui peuvent se le permettre », selon ledit rapport. Et de persister : « il est vrai que notre école continue d'exclure, au lieu d'être un creuset inclusif au service de l'égalité des chances »
Et du côté de la qualité ? Le constat est amer : « il est tout aussi vrai que des carences pédagogiques et organisationnelles persistent. Ainsi, la qualité des apprentissages fondamentaux (la lecture, le calcul, l'écriture, la langue) et les modes d'instruction, en termes de méthodes et d'outils didactiques, demeurent lacunaires pour ceux des élèves qui restent dans le système ».

Des maux diagnostiqués

Ces couacs n’étant que des symptômes, les maux qui en sont responsables sont plus profonds. Premièrement, une gouvernance hésitante qui peine à responsabiliser les agents, qui manquent d’outils de pilotage et de régulation adéquats, etc. D’un autre côté, les enseignants restent insuffisamment impliqués et/ou accompagnés, leur motivation ainsi que leur adhésion laissent encore à désirer, alors qu’elles sont cruciales pour la réhabilitation de notre école. La raison ? « Un déficit de formation et d’encadrement, face à une mission de plus en plus lourde et complexe ».
A ces deux problèmes, s’ajoute celui qui a trait au modèle pédagogique et organisationnel qui n’est pas aux standards internationaux. En effet, « en dépit de nombreuses réformes pédagogiques et organisationnelles, et malgré l'existence de foyers d'excellence à l'image des grandes écoles, l'école et l'université marocaines ne dispensent pas toujours un enseignement conforme aux meilleurs standards de qualité en termes de méthodes, de contenus pédagogiques ou de conditions d'enseignement ».
Par ailleurs, les ressources allouées au secteur de l’éducation et de la formation au Maroc, bien qu’elles aient significativement augmenté ces dernières années, la dépense éducative par élève reste à des niveaux bas, souvent moins de la moitié que celle de pays voisins à niveau de développement comparable ». Pire encore, ces ressources allouées ne sont pas affectées de manière optimale (sous-optimale allocation).

Des « fronts » ouverts

Après le diagnostic, le rapport propose trois « fronts » à ouvrir : l'égalité des chances, pour rendre effective l'obligation de scolarité de tous les enfants jusqu'à l'âge de 15 ans ; l'autonomie et l'excellence dans l'enseignement post-obligatoire et la formation professionnelle et, enfin, les déterminants transversaux. Le premier chantier se situe sur le plan de l’enseignement obligatoire. Ainsi, il est question au niveau du primaire « d'une part, à réaliser un taux de scolarisation proche des 100% et, d'autre part, à améliorer les taux de rétention des élèves ».
Au niveau collégial, selon le rapport du CSE, il s’agit de « la dynamisation de ce « ventre mou» du système [et qui] devrait refaire du collège le lieu de la consolidation des connaissances, du développement de l'autonomie des élèves, de la préparation à la vie adulte et de la découverte des vocations individuelles. Dans la phase du préscolaire, il va falloir « bâtir un nouveau concept d'éducation préscolaire moderne tenant compte de nos spécificités et conduire des projets pilotes pour le préscolaire, faisant la démonstration du nouveau concept tout en préparant sa généralisation progressive à l'horizon 2015 ».
Pour ce qui est du deuxième front, le rapport note que « nos lycées gagneraient à bénéficier davantage d'autonomie et de moyens d'action pour s'inscrire dans des projets éducatifs diversifiés. La richesse de ces projets libèrera les lycées marocains dans la voie de recherche permanente de l'innovation et de l'excellence. Des initiatives pourraient alors émerger : des lycées d'excellence, des sections centrées sur les métiers ou encore des lycées « sport et études». L’université marocaine, quant à elle, doit approfondir davantage le « processus d'autonomisation, selon trois voies principales : épuiser toutes les possibilités offertes par la loi 00-01 en termes d'autonomie, parfaire les instruments de gouvernance déjà en place [et enfin] explorer de nouvelles marges d'autonomie pour une université plus forte et à la hauteur des enjeux de la compétition internationale ».
Le troisième et dernier front relatif aux déterminants transversaux (dont la résolution a longtemps été repoussée comme le signale le document du CSE) focalise sur 4 axes d’intervention : dynamiser l’engagement des enseignants et revaloriser leur métier ; favoriser les leviers d’une gouvernance responsabilisante ; dynamiser la maîtrise des langues via la promotion de la langue arabe et l’instauration d’un schéma directeur de la maîtrise des langues étrangères et, enfin, l’orientation et le rééquilibrages devront être de mise « en vue d’une meilleure adéquation entre l'école et l'économie ». « La fonction d'orientation du système devra être repensée, les filières de formation rééquilibrées et les compétences à inculquer dans le secondaire et le supérieur redéfinies », recommande le rapport annuel du CSE.

Saïd ZINNID

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